Pourquoi les EHPAD de Chalon ouvrent-ils leurs portes aux étudiants en santé ?

Les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) jouent un rôle central dans la formation des futurs professionnels de santé. À Chalon-sur-Saône, l’intégration d’étudiants en médecine, soins infirmiers ou aides-soignants n’est pas un simple accueil de convenance, mais répond à plusieurs nécessités :

  • Pallier la pénurie de main-d’œuvre : en Bourgogne-Franche-Comté, selon l’ARS, près de 38% des postes d’aides-soignants et 22% d’infirmiers étaient vacants en EHPAD en 2023, avec un bassin chalonnais concerné (source ARS BFC).
  • Offrir un terrain d’apprentissage indispensable : la gériatrie, souvent délaissée par les jeunes professionnels, s’apprend principalement dans la pratique, au contact des résidents, des familles et des pathologies chroniques multiples.
  • Valoriser la filière gérontologique : le regroupement des établissements chalonnais œuvre avec la Ville, les instituts de formation (IFSI, IFAS, universités) pour changer l’image du secteur, longtemps synonyme de précarité et de contraintes.

Organisation des stages et immersions : comment cela se passe-t-il concrètement à Chalon ?

Les EHPAD chalonnais, que ce soit les établissements publics relevant du Centre Hospitalier William Morey, privés associatifs ou commerciaux, accueillent chaque année des dizaines de stagiaires, principalement issus des écoles de santé de la ville ou de la région.

Calendrier, durée et profils concernés

  • Élèves aides-soignants (IFAS) : stages obligatoires de 4 à 5 semaines, souvent répartis entre plusieurs types de structures (EHPAD, services hospitaliers, domicile).
  • Étudiants en soins infirmiers (IFSI) : stages cliniques de 5 à 10 semaines. La majorité réalise obligatoirement un stage “gériatrie” en première ou deuxième année.
  • Étudiants en médecine (internes, externes) : quelques immersions ponctuelles, principalement en 5e ou 6e année, lors du stage ambulatoire en soins primaires, ou via des options gériatriques.
  • Autres formations : ergothérapeutes, psychomotriciens, assistants de service social effectuent également des stages courts pour découvrir la prise en charge globale en institution.

Le rythme est dicté par les calendriers académiques, les capacités d’encadrement des EHPAD et l’offre régionale de stages. À Chalon, 75% des établissements EHPAD participent chaque année à l’accueil de stagiaires, souvent grâce à des conventions de partenariat (source : DREETS).

Mise en situation professionnelle et découverte du métier

  • Affectation à une équipe de soins : chaque étudiant est suivi par une “tutrice de stage”, souvent une aide-soignante ou infirmière diplômée senior.
  • Objectifs pédagogiques clairs : découverte des pathologies de la personne âgée, évaluation de la dépendance, gestes quotidiens, démarches éthiques (notion de bientraitance, relation d’aide…)
  • Participation à la vie de l’EHPAD : implication dans les transmissions, projets personnalisés, animations collectives et liens avec les familles.

L’accent est mis sur l’immersion réelle : la participation va des actes techniques (toilette, soins, surveillance des troubles cognitifs) à la gestion des situations d’urgence (chute, dégradation brutale…).

Encadrement et accompagnement : dispositifs à Chalon et retours d’expériences

Accueillir des étudiants, cela signifie aussi garantir leur accompagnement, via un référent ou maître de stage formé, l’accès à des outils d’évaluation et un suivi régulier. À Chalon, plusieurs dispositifs sont privilégiés :

  • Réunions régulières d’évaluation de stage : en moyenne, 2 à 3 par stage, incluant tuteur, cadre de santé et étudiant.
  • Temps d’échanges interprofessionnels : ateliers ou débriefings animés avec psychologues, animateurs, kinés, pour comprendre la pluridisciplinarité.
  • Mise à disposition de ressources pédagogiques : accès à la documentation, protocoles, et, de plus en plus, outils numériques (simulateurs de chutes, quiz sur la bientraitance…)

En 2023, une enquête interne auprès des étudiants en stage au sein des EHPAD du Grand Chalon a révélé que 68% d’entre eux estiment que l’encadrement est de bonne qualité et 79% se disent prêts à recommander cette expérience à leurs pairs. Le taux de satisfaction monte à 85% quand l’encadrement est assuré par des professionnels volontaires spécifiquement formés (source : IFAS/IFSI du Centre Hospitalier William Morey).

Quels bénéfices pour les étudiants et les structures ?

  • Professionnalisation accélérée : la confrontation à des situations d’urgence, de détresse ou de refus de soins développe la maturité professionnelle, la gestion du stress et la capacité d’adaptation.
  • Appétence pour la gériatrie : en France, seuls 13% des étudiants en soins infirmiers déclaraient vouloir travailler en EHPAD après leur diplôme en 2018 (source : FNESI). À Chalon, ce chiffre atteignait 19% selon l’enquête précitée, signe de la politique d’attractivité locale.
  • Amélioration de la qualité de vie en établissement : la présence de jeunes professionnels dynamise la vie de l’EHPAD et contribue au renouvellement des pratiques.
  • Insertion professionnelle : près d’un tiers des recrutements d’aides-soignants à Chalon en EHPAD en 2022 ont concerné d’anciens stagiaires, selon la FEHAP régionale et la FHF Bourgogne.

Les établissements, eux, bénéficient de la présence d’un vivier de candidats, de regards neufs et d’une dynamique de formation interne. Certains, comme les EHPAD publics de Chalon, organisent même des journées portes ouvertes spécifiques pour recruter de nouveaux stagiaires et fidéliser des étudiants dès leur première expérience.

Limites, défis et pistes d’amélioration à Chalon-sur-Saône

Si l’accueil des stagiaires est aujourd’hui mieux organisé, il subsiste des difficultés notables, régulièrement relevées par les professionnels et étudiants :

  • Sous-encadrement chronique : jusqu’à 20% de stages sans tuteur disponible lors de la crise sanitaire (2021-2022), une situation assez récurrente dans certains établissements privés ou associatifs moins pourvus, selon la FNAQPA.
  • Manque d’attractivité perçue du secteur : la lourdeur de la charge de travail, la confrontation à la fin de vie ou à l’isolement des résidents peut être un frein pour des étudiants peu préparés.
  • Mobilité limitée : certains étudiants éprouvent des difficultés pour trouver un stage satisfaisant près de Chalon, les créneaux proposés étant parfois réservés aux formations locales.
  • Écarts d’investissements entre établissements : tous les EHPAD ne bénéficient pas d’un fonds dédié à la formation et l’accueil de stagiaires. Certains ne disposent ni d’outils pédagogiques récents, ni d’une réelle politique de tutorat dédiée.

Plusieurs solutions émergent cependant : mutualisation de tuteurs entre établissements, recours à des stages d’observation dès le lycée, ou encore développement de la simulation numérique pour certains actes techniques (ex. : utilisation de la réalité virtuelle pour s’exercer à l’accompagnement des personnes désorientées).

Perspectives et dynamisation : quand l’immersion devient un enjeu d’avenir

Chalon-sur-Saône, à travers ses établissements et ses instituts de formation, se distingue par une volonté de renforcer les liens entre générations et métiers. Plusieurs projets pilotes visent à renforcer encore cet accueil :

  • Liens université-établissements : mise en place de cursus “fil rouge gériatrie” dès la première année d’études médicales ou paramédicales, avec mentorat et suivi personnalisé.
  • Développement d’un réseau d’ambassadeurs étudiants : des binômes étudiants-professionnels interviennent en salons, lycées ou dans les médias locaux pour valoriser l’expérience EHPAD.
  • Création de parcours double compétence : certains EHPAD participent à l’accueil de stagiaires en management, social ou animation, pour ouvrir la découverte du secteur à des profils variés.

Au fil des années, la structuration de l’accueil étudiant en EHPAD à Chalon-sur-Saône contribue à transformer durablement la prise en charge des aînés sur le territoire chalonnais. Si le modèle reste perfectible, il constitue désormais un pilier de l’attractivité des métiers du soin auprès des nouvelles générations.

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