Pourquoi un pilotage régional de l’offre de soins à Chalon-sur-Saône ?

Le système de santé français s’appuie sur un principe d’égalité d’accès aux soins sur tout le territoire. Pourtant, la réalité locale diffère selon la démographie, la géographie, les besoins sanitaires et les ressources disponibles. À Chalon-sur-Saône, ville de près de 45 000 habitants intégrée à une agglomération dynamique, l’organisation de l’offre de soins doit s’adapter aux enjeux du secteur urbain, périurbain et rural du sud de la Saône-et-Loire (source : INSEE).

L’Agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté (ARS BFC), créée par la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires de 2009, a pour mission de planifier et coordonner cette offre pour garantir à chaque habitant, quel que soit son quartier ou sa commune, un accès à un parcours de santé cohérent, de qualité et efficient.

Ce pilotage régional permet aussi de réduire les inégalités territoriales, de mobiliser les innovations, et d’anticiper les besoins liés au vieillissement, à la prévention des maladies chroniques, ou encore à l’attractivité médicale du territoire. La région Bourgogne-Franche-Comté fait notamment face à des taux élevés de personnes âgées (21,3 % de la population régionale a plus de 65 ans – Source : ARS BFC, chiffres 2023).

L’ARS BFC : rôle, missions et outils d’action sur le Chalonnais

Un cadre d’action : le Projet régional de santé

Le pilotage exercé par l’ARS repose sur le Projet régional de santé (PRS). Ce document stratégique, révisé tous les 5 ans, définit les priorités et objectifs en fonction de l’état de santé de la population et des enjeux locaux. Ainsi, le PRS Bourgogne-Franche-Comté 2018-2028, actualisé en 2023, met l’accent sur :

  • L’amélioration de l’accès à un médecin traitant et à un spécialiste
  • La réorganisation des soins non programmés et des urgences
  • Le soutien aux structures hospitalières pivot
  • Le développement de la prévention et de la santé mentale

À Chalon-sur-Saône, cela se traduit par des actions concrètes adaptées au territoire, reposant sur une analyse fine de ses besoins et de ses ressources sanitaires.

Cartographie et régulation de l’offre de soins

L’ARS utilise des outils de cartographie fine pour ajuster l’offre aux besoins sanitaires. À Chalon, la densité médicale (142 médecins pour 100 000 habitants sur le secteur de Chalon, supérieure à la moyenne régionale mais inférieure à la moyenne nationale, source : DREES, 2022) et la présence de structures hospitalières polyvalentes sont des points forts, mais des fragilités persistent notamment sur la médecine générale dans la périphérie.

  • Zonage de l’offre de soins : Le territoire est découpé en zones d’intervention prioritaire, zones d’action complémentaire, régions de vigilance démographique... Ces zonages sont revus chaque année pour orienter les aides à l’installation et identifier les déserts médicaux (voir : Ministère de la Santé, cartographie des zones sous-denses).
  • Soutien à l’installation : Des aides spécifiques (bourses, exonérations) sont proposées pour attirer de nouveaux médecins généralistes et spécialistes.

Par ailleurs, le secteur chalonnais bénéficie d’un pilotage « en proximité » avec une délégation départementale à Mâcon et des groupes de travail spécifiques réunissant élus, hospitaliers et libéraux.

Le Centre Hospitalier William Morey, pivot de l’organisation locale

Depuis 2011, le Centre Hospitalier William Morey incarne le « vaisseau amiral » de l’offre hospitalière chalonnaise. Cet établissement public de référence compte près de 600 lits et places, et emploie plus de 1 900 professionnels (Source : CHWM, rapport d’établissement 2022).

Son offre de soins couvre la majorité des disciplines médicales et chirurgicales, la maternité (1 600 naissances par an) et un service d’urgences (environ 45 000 passages annuels, chiffres 2022). Il a également une mission de centre support pour l’ensemble du territoire du nord saône-et-loirien.

  • Réseau avec les cliniques (Ste Marie, du Chalonnais...) pour assurer une complémentarité sur certaines spécialités (orthopédie, ophtalmologie, réadaptation, etc.).
  • Coordination avec les établissements de soins de suite, EHPAD et structures médico-sociales.
  • Participation à la gestion des crises sanitaires, comme lors de la pandémie de Covid-19 (hausse de la capacité en réanimation de +65 % en mars-avril 2020).

Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) et logique de réseaux

Le CH William Morey est intégré dans le GHT Nord Saône-et-Loire, avec les hôpitaux d’Autun, Montceau-les-Mines, et la MGEN (Blanzy). Le GHT mutualise la gestion des ressources médicales, les achats, le système d’information hospitalier et développe des parcours de soins gradués (par exemple en cancérologie, gériatrie, psychiatrie).

Plus qu’un regroupement administratif, le GHT permet de préserver une offre de proximité tout en garantissant un niveau d’expertise pour les cas les plus complexes. La coopération inter-hospitalière fluidifie également le recrutement, en particulier pour les spécialités les plus en tension.

Soins de ville et exercice coordonné : la montée en puissance des CPTS et MSP

L’offre de soins ne se limite pas à l’hôpital. À Chalon-sur-Saône et dans sa couronne périurbaine, la démographie médicale a conduit à repenser l’organisation des soins primaires, afin d’améliorer la prise en charge globale et la continuité des soins.

Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS)

  • La CPTS Grand Chalon (créée en 2020, près de 200 professionnels impliqués) a pour mission de structurer les liens entre médecins, infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes...
  • Elles organisent l’accès au médecin traitant, la gestion des soins non programmés, la prévention (campagnes sur le diabète, vaccination, etc.) et la prise en charge des patients complexes.
  • Ce fonctionnement en « réseau » limite les pertes de chance pour les patients et fluidifie l’adressage vers les structures adaptées.

Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) et centres de santé

  • Huit MSP réparties sur Grand Chalon (ex : MSP Chalon Centre, MSP Saint-Cosme, MSP Buxy...), coordonnées avec les équipes mobiles et les structures hospitalières.
  • Développement des centres de santé, dont le recrutement de médecins salariés vise à répondre à la pénurie locale et aux besoins de certains publics (ex : sans médecin traitant, populations vulnérables).
  • Les MSP accueillent à la fois la médecine générale, les soins infirmiers, la psychologie, l’ostéopathie, la diététique, etc., favorisant des parcours de santé globale.

L’ARS joue un rôle clé dans l’agrément et le financement initial de ces structures, tout en accompagnant leur évolution via des contrats territoriaux de santé.

Urgences, soins non programmés et accès à la permanence des soins

L’évolution démographique, le vieillissement et la multiplication des demandes non programmées (hors urgence vitale) ont nécessité une adaptation de l’organisation de la permanence des soins à Chalon-sur-Saône.

  • Le service des urgences du CH William Morey reçoit 45 000 passages/an (>10 % des passages à l’échelle régionale), avec une pression forte les soirs, week-ends et pendant les épisodes de crises sanitaires.
  • Service d’accès aux soins (SAS) : Ce dispositif, lancé en 2022 sur plusieurs territoires pilotes, vise à proposer une réponse médicale rapide en cas d’indisponibilité du médecin traitant, en lien avec les professionnels libéraux et hospitaliers.
  • Fil d’Ariane : Coordination entre la régulation du SAMU (Centre 15), les médecins de ville volontaires et les établissements d’accueil pour éviter la saturation des urgences.

L’ARS pilote aussi avec les collectivités le maillage des pharmacies de garde, la télémédecine dans les EHPAD, et le déploiement de filières de prise en charge « sans rendez-vous » (consultations avancées, équipes mobiles).

Prévention, santé mentale et innovation : les autres priorités pilotées par l’ARS

Au-delà du soin curatif, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté intervient en amont sur la prévention (maladies chroniques, addiction, santé environnementale), la santé mentale et l’innovation organisationnelle.

  • Promotion de la santé : Multiplication des campagnes de dépistage (cancers, troubles auditifs, diabète), appui à la vaccination (13 centres temporaires lors de la pandémie Covid-19 sur le secteur chalonnais).
  • Santé mentale : Pilotage du Conseil local de santé mentale (CLSM), déploiement des dispositifs « Un chez-soi d’abord » et coordination avec le Centre Hospitalier Spécialisé de Sevrey.
  • Innovation organisationnelle : Soutien au développement de la télémédecine (27 établissements équipés en 2022 dans le Chalonnais), déploiement des outils numériques de coordination (Mon espace santé, Dossier Médical Partagé...)

Chiffres à retenir et actualités marquantes sur le territoire de Chalon-sur-Saône

  • Densité médicale : 142 médecins pour 100 000 habitants sur le secteur chalonnais (DREES 2022, moyenne nationale : 157).
  • Population couverte par les soins hospitaliers de proximité : plus de 186 000 habitants (périmètre GHT Nord Saône-et-Loire).
  • Part de la population de plus de 75 ans : 10,7 % à Chalon, 9,8 % sur l’agglomération (INSEE 2022).
  • Nombre de MSP en activité sur Chalon et ses environs : huit en 2024.
  • Nombre de passages aux urgences : environ 45 000/an (CH William Morey).
  • Taux d’activité en téléconsultation : +245 % entre 2019 et 2022 (données ARS BFC).

Perspectives pour l’avenir de l’organisation de l’offre de soins à Chalon-sur-Saône

L’organisation réfléchie et coordonnée de l’offre de soins à Chalon-sur-Saône relève d’une adaptation permanente, pilotée par l’ARS Bourgogne-Franche-Comté en dialogue avec l’ensemble des acteurs locaux. La prise en compte des besoins, des difficultés de démographie médicale, de la coordination des parcours de santé et des nouveaux outils numériques sont au cœur de la démarche actuelle.

À moyen terme, plusieurs défis restent ouverts : accroître l’attractivité pour de nouveaux professionnels – en particulier en médecine générale, améliorer l’accès à la prévention et à la santé mentale, réussir la transformation de l’offre hospitalière au sein du GHT, et intégrer plus largement la santé environnementale et l’inclusion numérique dans le parcours de soins local. La dynamique de coopération interprofessionnelle et le renforcement du dialogue territorial laissent entrevoir des avancées tangibles, à condition de maintenir l’engagement collectif et la réactivité face aux besoins de la population chalonnaise.

Sources : • ARS Bourgogne-Franche-Comté – Chiffres clés 2022/2023 • Projet Régional de Santé Bourgogne-Franche-Comté 2018-2028 • DREES – Densité médicale, 2022 • INSEE – Statistiques régionales Saône-et-Loire, 2022 • Centre hospitalier William Morey – Rapport d’établissement 2022 • Ministère de la Santé – Cartographie des zones sous-denses • Grand Chalon – CPTS / MSP, données 2024

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